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On a testé la trattoria Filomena à Waimes - DR

À la Trattoria Filomena, on voyage de Capri à Rome sans quitter la table

Une trattoria italienne authentique, à la cuisine emmenée par un chef apulien étoilé et à la déco sexy au possible… en plein cantons de l’Est, à quelques pas seulement du Mont Rigi et du signal de Botrange? C’est le pari complètement fou (et réussi) de la Trattoria Filomena, le nouveau restaurant du Domaine des Hautes Fagnes, où on a passé une soirée aux airs de mini voyage en Italie. 

Pendant plusieurs étés d’affilée, on a posé nos valises dans un coin du Lazio tellement reculé qu’il nous a fallu apprendre un po l’italien pour nous y faire comprendre, et qu’à chaque fois qu’ils nous entendaient parler français, les locaux nous demandaient d’un air interloqué perché?! on était là.

La réponse? Récente pandémie de COVID oblige, à l’origine, on cherchait précisément un endroit préservé des foules, puis on est tombés follement amoureux (de l’accueil) de notre hôtel, un palazzo dans son jus à la décoration joliment désuète, mais aussi de toutes les possibilités offertes par la situation extrêmement centrale de la ville.

Un saut de puce en Etrurie, à Rome, sur une plage toscane ou même à Naples? Certo!

Autant dire que chaque pèlerinage estival était également l’occasion de savourer nombre des cuisines régionales qui font la richesse culinaire de l’Italie et qui, dans la Botte, ne se dégustent que dans leurs villes ou provinces d’origine. Agnolotti et vitello tonnato lors de l’étape obligatoire dans le Nord, porchetta, rigatoni cacio e pepe et artichauts alla giudia à Rome, panzanella, ribollita et fruits de mer en veux-tu en voilà en Toscane, sans oublier les sublimes pizzas napolitaines et les fritures de poisson de la région des lacs…

Des spécialités plus alléchantes les unes que les autres, qui sont souvent rassemblées sur une même carte dans les restaurants italiens de Belgique, quitte à manquer parfois d’authenticité. Un reproche qu’on ne peut certainement pas faire à la Trattoria Filomena, malgré une carte qui se balade gaiement d’un bout à l’autre de la Botte.

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Vacances romaines (et plus si affinité)

Dès l’arrivée, le dépaysement est en effet total, tout comme l’illusion d’être vraiment sur place. Passée la surprise de commencer un tête-à-tête gourmand en arrivant dans un hall d’entrée surchauffé aux vagues relents de chlore (après tout, La Filomena se trouve dans un hôtel réputé pour son wellness), on tombe en effet dans l’incarnation même de l’expression « deux salles deux ambiances ».

Soit, près du bar, une déclinaison de rouge sombre, tissus fleuris et lampes rococo rappelant la sensualité de Rome, et puis plus près de la terrasse et de la piscine, de joyeuses rayures jaunes et blanches, une profusion d’assiettes colorées au mur et des citrons qui évoquent l’ambiance ensoleillée de la côte amalfitaine. L’ensemble, et surtout sa superposition, pourrait être kitsch ou même forcé, mais il n’en est rien, et le joli dépaysement est accentué par la présence de nombreux Italiens à l’accent chantant dans l’équipe.

Venus ici en « vrais clients » (lire: qui paient leur repas et n’annoncent pas de lien avec le moindre média) on a été accueillis comme des rois, et outre le décor évocateur et coloré, le service est un des autres points forts de cette trattoria italienne perdue en pleins cantons de l’Est. Mais la véritable star, ici, c’est la cuisine.

Et autant vous dire qu’on ne s’est pas privés d’y goûter…

Ancora

Partant du principe que Waimes, qui est après tout la commune la plus à l’est (et la plus haute, vous saurez tout) de la province de Liège, est plutôt loin de notre cher 4020, on s’est en effet dits d’emblée qu’il valait mieux commander large, quitte à avoir un peu trop, plutôt que de se rationner et de le regretter d’ici à notre prochaine visite.

En entrée, donc, va, ou plutôt vai pour l’assortiment de 5 antipasti, proposé au prix somme toute très raisonnable de 50 euros.

Passé l’apéro, où on a particulièrement apprécié l’approche attentive du staff, qui nous a ramené des taralli en accompagnement de nos boissons après qu’on ait dévoré notre première portion le temps de décider quoi commander, la table se couvre donc d’assiettes plus appétissantes les unes que les autres.

Au menu: polpette, aubergines parmigiana, burrata généreusement garnie de capocollo de chez Martina Franca, carpaccio de boeuf avec parmesan, salade de Trevise et crème de vieux vinaigre balsamique, mais aussi une de nos entrées préférées, le vitello tonnato, servi ici accompagné de « jus corsé de veau ».

trattoria filomena waimes

Verdict?

Un sans-faute, avec une préférence assumée pour le vitello, généreusement servi et parfaitement équilibré niveau textures et saveurs, tout comme le carpaccio de boeuf d’ailleurs. Niveau plats chauds, coup de coeur pour les polpette, et leur sauce délicieusement acidulée d’un rouge vif follement alléchant.

trattoria filomena waimes

Dépaysement total

En deuxième assiette, on saute les pâtes pour passer directement aux secondi, une erreur stratégique sur laquelle on reviendra, même si ce qu’on nous a été servi était aussi savoureux et authentique.

Le chef, Angelo Sabatelli, étant originaire des Pouilles, et plus précisément de Monopoli, en bord d’Adriatique, on ne résiste pas à l’appel de la frittura di gamberi rossi e calamari, pas vraiment donnée à 49 euros l’assiette, mais promettant un dépaysement ensoleillé à chaque bouchée, et servie accompagnée d’un accompagnement de légumes et d’un autre de féculents, ce qui rend tout de suite l’addition plus raisonnable.

menu trattoria filomena waimes

Autre incontournable: un des plats signature de la Nonna Filomena, qui prête son nom et un peu de son âme au restaurant du Domaine des Hautes Fagnes, pensé par sa petite-fille pour lui rendre hommage.

C’est vendredi soir, la semaine a été bien chargée, il fait froid, donc on opte pour les pastina in brodo, un plat réconfortant ultra typique de petites pâtes servies dans un bouillon clair et accompagnées ici de croûtons de parmesan.

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C’est très bon, comme la friture de crevettes et de calamar d’ailleurs, on apprécie la générosité des portions et l’équilibre des saveurs, mais à voir les assiettes de pâtes des tables avoisinantes, on se dit qu’on aurait vraiment dû en commander aussi.

Les tagliatelle au ragù, luisantes d’une sauce dont le rouge profond trahit un long mijoté aux saveurs complexes, nous ont d’ailleurs fait si forte impression que dès le lendemain, on a sorti La cuillère d’argent pour s’en préparer à la maison.

Tout en se jurant d’en commander « la prochaine fois », car c’est certain, malgré la distance, prochaine fois il y aura à la Trattoria Filomena.

En quittant la table, après avoir succombé à l’appel de la glace aux amandes accompagnée de sabayon et d’amandes pralinées (un régal!), on repasse par le hall légèrement chloré, et cette fois, le ressenti ne fait que confirmer la sensation délicieusement déroutante d’avoir passé la soirée non pas dans les Hautes Fagnes mais bien plutôt en Italie, dans une trattoria de bord de mer (on dînait côté citrons et Capri).

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Sachant qu’on ne s’est rien refusés, tant dans l’assiette que dans les verres, l’addition de 180 euros, bien que pas exactement modeste, est tout à fait raisonnable, surtout si l’on prend en compte le sentiment de dépaysement et de mini voyage dans la Botte qui accompagne le repas.

En s’attablant dans une trattoria au fin fond de la province de Liège, dans une région plus connue pour ses pics et ses spécialités belges réconfortantes, on ne savait pas trop à quoi s’attendre. Le fait est qu’on a été délicieusement surpris, et qu’on n’a qu’une envie: planifier déjà notre prochaine visite – et un retour dans le Lazio… Vai!

PS: Vous nous pardonnerez la qualité un peu bof des photos, mais la lumière était relativement tamisée, et puis surtout, entre nous? On était surtout là pour kiffer le repas =)

Trattoria Filomena

Rue des Charmilles 67, 4950 Waimes / Ouvert du jeudi au dimanche, à midi et le soir / Domaine des Hautes Fagnes

Photo de couverture: DR Domaine des Hautes Fagnes

 

Journaliste pour Le Vif Weekend & Knack Weekend, Kathleen a aussi posé sa plume dans VICE, Le Vif ou encore Wilfried, avec une préférence pour les sujets de société et politique. Mariée avec Clément, co-rédacteur en chef de Boulettes Magazine, elle a fondé avec lui le semestriel SIROP, décliné à Liège et Bruxelles en attendant le reste du pays.