« Paroles d’une vie » donne une voix à vos souvenirs
Entre mémoire collective et héritages familiaux, « Paroles d’une vie » capture l’histoire de nos proches avant qu’il ne soit trop tard. Une approche intime pour immortaliser les récits avant qu’ils ne se perdent. Un projet émouvant et un acte de transmission au cœur de la démarche de Delphine Debrichy, qui archive les mémoires pour les générations futures.
Fondé par Delphine en 2023, le projet « Paroles d’une vie » a un objectif simple mais ambitieux : permettre à chacun de laisser une trace sonore de sa vie, pour ses proches, pour ses enfants, et pour les générations à venir. Une idée qui a germée lors d’un échange avec son compagnon, qui lui confiait ses regrets de ne pas mieux connaitre ses racines et avait pris conscience de l’importance de préserver ces moments avant qu’il ne soit trop tard.
Le concept ? Offrir un espace pour les souvenirs, non pas sous forme écrite, mais sous forme audio, afin de garder vivante la voix des aînés. Car, comme le dit Delphine, « la voix crée une connexion intime, bien plus profonde que l’écrit ». Des témoignages qui permettent de mieux comprendre les origines, d’apaiser des questionnements, mais aussi de documenter des moments de vie, parfois trop fragiles pour être capturés autrement.
« Paroles d’une vie », c’est une voix qui parle d’histoires, de traditions et de secrets de famille. C’est une capsule temporelle pensée pour raviver ce lien entre le présent et le passé.
Dépoussiérer les émotions
Le processus d’enregistrement est minutieux. Loin d’être une simple interview, chaque séance devient un voyage dans le passé. « Tout commence par un premier contact, souvent par téléphone, explique Delphine. Après cela, je fais parvenir un questionnaire qui aide à structurer le récit, à l’ancrer dans un passé concret ». Une fois l’entretien lancé, c’est ensuite la magie du témoignage qui opère : « Je suis là pour laisser la personne s’exprimer, et je fais tout pour qu’elle se sente à l’aise. On se laisse guider par le souvenir et on laisse remonter les émotions à la surface. C’est dans ces moments d’intimité que l’histoire prend forme ».
Pour Delphine, l’humain est au cœur du processus. « Je me mets au niveau de la personne. Peu importe d’où elle vient, je cherche à comprendre ce qu’elle ressent, à lui donner un espace de parole sécurisé ». C’est aussi cet aspect qui rend ces enregistrements si puissants. Parce qu’au-delà de l’histoire, il y a la manière dont elle est racontée.
Si l’enregistrement peut aller jusque deux heures, l’épisode final environne les 45 minutes. Derrière ces chiffres, un travail minutieux de montage : « Il faut compter entre 100 et 120 heures pour arriver à un résultat abouti », explique Delphine, un engagement qui n’est pas sans raison. « Paroles d’une vie » va au-delà du simple enregistrement mais offre la possibilité d’y ajouter des éléments sonores, des ambiances, pour rendre le témoignage encore plus vivant. « Un souvenir raconté en forêt peut être accompagné du bruit des oiseaux en fond sonore », précise Delphine. Une manière subtile d’ajouter de la profondeur à chaque histoire. Niveau prix, il faut compter 350€ pour un enregistrement classique, c’est à dire la récolte du témoignage, son enregistrement et le montage, et 690€ avec un montage sonore immersif.
Le pouvoir des silences
Lorsqu’elle évoque les moments les plus marquants des enregistrements, Delphine raconte souvent des instants où les silences en disent plus que mille mots. « Un silence peut être lourd de sens. Il montre qu’un souvenir est difficile à raviver. Mais c’est aussi dans ces moments-là que l’émotion se cristallise ».L’impact émotionnel des témoignages se fait alors ressentir aussi bien pour les personnes qui racontent que pour celles qui écoutent, souvent des générations plus jeunes, qui découvrent une part d’histoire de leur famille.
L’art de l’interview, l’écoute attentive, le respect des silences et des émotions sont donc au cœur de la démarche de Delphine. C’est là où la passion de l’ex et bientôt à nouveau infirmière pour l’humain se manifeste. « J’ai appris à écouter, à respecter les silences, à entendre ce qui n’est pas dit. Un simple regard ou une pause dans la conversation peut en dire beaucoup plus que des mots » confie-t-elle. « Je prends soin de la parole de l’autre ».
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Les thèmes qui émergent lors des entretiens sont souvent universels : les regrets, les joies, les fiertés, mais aussi des souvenirs plus lourds. « Les moments où l’on parle de regrets ou de ce que l’on aimerait transmettre à ses descendants sont toujours intenses », poursuit Delphine. Ce sont ces instants de vérité qui forgent les récits mémorables. Et parfois, ce sont des histoires insoupçonnées qui surgissent, comme celle de cet homme racontant un épisode de la guerre, où un soldat allemand, ennemi de l’époque, vivait avec sa famille, dans sa maison. « C’est le genre de témoignage qui rappelle que l’histoire est faite de nuances », dit-elle, émue.
Histoires de famille
Les retours des familles sont généralement saisissants. Des proches, bouleversés, découvrent des facettes inconnues de ceux qu’ils pensaient connaître. « Une famille m’a dit que le récit de leur grand-mère, qui perdait ses repères à cause de la maladie, avait été un vrai cadeau. Grâce à l’enregistrement, ils pouvaient encore entendre sa voix et sa manière de penser, avant que tout cela ne disparaisse ». Mais il arrive aussi que certains aient des attentes différentes. « Certains s’attendent à entendre leur propre histoire dans l’enregistrement, mais ce sont avant tout les souvenirs du grand-parent qui priment ».
L’objectif de Delphine est simple : offrir un espace où chacun peut se livrer, sans crainte, pour que sa mémoire ne disparaisse pas. « Les regrets, les réussites, tout ce qui fait la richesse d’une vie : c’est cela que je veux transmettre. Et c’est ce que j’essaye de transmettre à travers chaque enregistrement, chaque récit ».
Un impact intergénérationnel
À l’ère où la mémoire collective est souvent fragilisée, l’idée de capturer ces voix pour les générations futures prend une autre ampleur. « Paroles d’une vie » ne sert pas uniquement à préserver les souvenirs d’un aîné. Elle permet aussi aux jeunes générations de mieux comprendre leur histoire, leur héritage et peut-être de lever des tabous ou des non-dits qui se transmettent silencieusement d’une génération à l’autre.
« Les jeunes ne connaissent souvent pas l’histoire de leurs grands-parents, et pourtant, certains traumatismes ou héritages invisibles se transmettent sans qu’ils ne s’en rendent compte », explique Delphine. « Ces témoignages permettent de mieux comprendre d’où l’on vient et qui l’on est ».À travers « Paroles d’une Vie », Delphine redonne à la voix humaine sa place centrale dans la transmission des récits familiaux. Dans un monde où tout se numérise et où la mémoire semble parfois se diluer, ce projet nous rappelle qu’il est encore temps de préserver ce qui nous rend uniques : nos histoires. Ces voix, immortalisées sur bande, deviendront, espérons-le, des héritages précieux pour les générations futures. Alors, avant qu’il ne soit trop tard, pourquoi ne pas se poser, écouter, et partager ? De cœur à cœur ?
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